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Le traité des cinq roues, un traité de sabre en développement personnel ?


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Le traité des cinq roues (Go rin no sho 五輪書) est un traité sur la pratique du sabre écrit au XVIIe siècle par Shinmen Bennosuke, plus connu sous le nom de Miyamoto Musashi (宮本 武蔵), alors qu'il s'est retiré dans une grotte pour réfléchir sur sa pratique du sabre.

La vie de Musashi est, littéralement, un roman. Il gagna son premier duel à 13 ans et avant ses 30 ans participa à plus d'une soixantaine de duels avec un bokken (sabre de bois réservé à l’entraînement). Il affronta toute une école et vainquit près de 60 élèves, développa une technique de combat unique basée sur l'utilisation de deux sabres, commanda une armée lors d'un siège célèbre de l'histoire du Japon...

Même si certains des faits qui lui sont attribués sont plus du domaine de la légende que des faits attestés, Musashi reste une personne exceptionnelle et unique : sabreur, stratège, philosophe, moine...

On raconte qu'âgé de 60 ans, il se retira dans une grotte pour écrire le livre qui résumera toutes ses connaissances sur cette pratique du sabre qui l'a rendu unique.


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Le livre se présente comme un traité de sabre. On y parle de posture, d'attaque, de moyen de tuer et de comment se préparer à un duel. Pourtant, plusieurs éléments sont assez originaux. La construction (et le titre) fait référence aux cinq éléments primordiaux dans la philosophie japonaise : la terre, l'eau, le feu, le vent et le vide.

Chacune de ces parties a un propos unique : les bases de la tactique pour la terre, comment se préparer physiquement, mais aussi mentalement pour la partie sur l'eau, comment affronter un duel ou une bataille avec le feu, l'esprit de sa technique de sabre et la critique par rapport à d'autres écoles pour le vent et un aspect spirituel avec le vide.

Un traité de sabre qui aborde une structure quasi-ésotérique et qui parle même de spiritualité ? Ceci pourrait déstabiliser si ce n'était un traité de sabre japonais. En effet, au pays du soleil levant (et dans les pays d’Asie de manière générale) la pratique des arts martiaux possède un aspect spirituel et les maîtres n'hésitent pas à considérer leur art comme une philosophie de vie.


Mais alors en quoi un traité de sabre est pertinent dans le cadre du développement personnel ?


Lorsque l'on lit le Traité des cinq roues, on lit un livre sur le combat. On y parle de tactique militaire, de comment s’entraîner physiquement et quelles postures avoir, comment frapper en fonction de la situation et comment utiliser le second sabre que portaient les samouraïs.

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Mais alors que l'on lit ce livre avec un œil plus orienté sur le développement personnel, on y trouve quelques conseils utiles.

Un général doit connaître la région qu'il a à protéger, les forces des hommes qu'il a sous ses ordres... Il est possible de lire ce conseil comme « connaître ses forces et faiblesses pour pouvoir adapter son approche d'une chose à faire ».

De même Musashi conseille au samouraï d'avoir son sabre aiguisé et en bon état, ce qui peut se lire « avoir les outils appropriés à un travail ».

On peut lire qu'à chaque coup que l'on porte, il faut que le geste soit dans le but de tuer en un coup. Derrière le côté martial, ceci peut se comprendre par : « Entreprendre chaque chose que l'on a à faire avec la volonté de le faire bien du premier coup ».

Chaque conseil a un niveau de lecture un peu plus fin qu'un « simple » conseil visant à parfaire un art du combat.



Ce traité de sabre, serait-il un cas unique ?


Cette double lecture s'applique de manière plus générale aux arts martiaux, et même aux « arts traditionnels ». Ceci tient du fait que ces arts sont également des modes de vie. Les personnes qui s'investissent dans ces pratiques développent, d'une certaine manière, un mode de vie différent. Les leçons qui permettent de se former ont des échos dans la vie quotidienne et permettent de modifier son quotidien vers quelque chose de plus sain pour le pratiquant.

Même si l'objectif de l'art pratiqué est la destruction (le Traité des cinq roues reste un traité de sabre, donc d'un art de la guerre), les apports dans le quotidien reste bénéfique pour la personne qui va les suivre. En effet, un samouraï qui va avoir une meilleure pratique et qui va modifier son mode de vie pour sublimer sa technique du sabre, aura une vie plus juste pour lui. On ira même trouver des exemples de cela très loin. Un conte japonais raconte, par exemple, l'histoire de ce maître de thé qui a été défié par un sabreur peu scrupuleux. Le maître de thé, trouva, dans son art et selon un maître du sabre qui l'a conseillé, les ressources pour « mourir comme un samouraï ». Lors du duel, le maître de thé se prépara comme pour une cérémonie de thé... et son adversaire abandonna le combat sans même tirer son sabre.

Ainsi, chaque « art traditionnel » (arts martiaux, mais aussi art du thé ou art floral par exemple) prépare à ce que le pratiquant a besoin, mais aussi modifie le quotidien, la façon de vivre. Chaque pratiquant développe son corps et son esprit pour atteindre un idéal en fonction de ce dont il a besoin. Mais ce développement influe aussi sur ses capacités à affronter son quotidien. C'est justement la définition d'un développement personnel.


Et le rapport avec la sophrologie ?


J'ai longuement parlé de ce livre et des bienfaits que l'on peut trouver dans la pratique d'un « art traditionnel ». Mais pourquoi un sophrologue irait disserter longuement sur ce sujet ?

C'est que la pratique de la sophrologie ressemble à cette pratique du sabre.

En effet, une personne va venir voir un sophrologue pour atteindre un objectif précis. Les exercices que le sophrologue va préparer et organiser en programme vont tendre vers cet objectif à atteindre. Ainsi, la personne qui pratique la sophrologie va apprendre les techniques pour devenir meilleur sur son objectif. Mais comme l'art du sabre peut modifier le quotidien de celui qui le pratique, la sophrologie va induire de nouveaux comportements.

J'ai en tête une personne qui venait pour un accompagnement sur des problèmes de dos. Quelques mois après la fin de son programme, elle a eu un accident sans gravité. Grâce à quelques exercices qu'elle s'est rappelés, elle a pu gérer cet événement sereinement et sans laisser place à sa colère.

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De manière générale même, la philosophie de vie proposée dans cet ouvrage est pleine de bon sens et se retrouve dans les théories de développement personnel qui sont à l'origine de la sophrologie : Le cerveau est un muscle à entrainer régulièrement, ou le fait qu'un état de calme permet de mieux appréhender les choses, pour n'en citer que quelques exemples.


Que conclure sur ce livre ?


Ce livre a été une belle découverte quand je l'ai lu. Un traité de sabre qui créait en moi des échos sur la vie quotidienne et son amélioration...

Lorsque j'étais libraire, ce livre, édité dans une collection de spiritualité, avait cependant sa place dans le rayon développement personnel.

Aujourd'hui, que je travaille en sophrologie, son propos a une connotation plus universelle : si un traité de sabre peut aider à forger une vision du quotidien plus saine, alors il doit y avoir le même effet avec d'autres pratiques. Ainsi, je considère que chaque pratique personnelle (que ce soit un art plastique, martial, ou même une philosophie ou une activité spirituelle) a un intérêt et ne devrait pas être négligée.

Chaque aspect de notre vie est lié. C'est le Mitakuye oyasin des Lakota (tout est relié). Lorsque l'on travaille sur soi, on travaille sur chaque aspect de cette personne que nous sommes.


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La différence entre une personne qui ne pratique jamais les exercices d'un programme de sophrologie et celle qui va s’entraîner régulièrement, n'est que le temps que cela prends pour changer.

Il faut garder à l'esprit qu'un accompagnement en sophrologie ne fonctionne pas en one shot. C'est la succession de séances sur des aspects variés, mais connectés, qui va permettre des changements rapides.

J'ai eu, lors de mes accompagnements, des résultats rapides et impressionnant. Des changements qui ont été si rapide que même moi, j'en ai été surpris. Ces personnes travaillaient quotidiennement pour atteindre leurs objectifs et ont réussi. Même les personnes qui ne pratiquaient pas, on eut des résultats positifs. Mais peut-être moins rapidement.

Chacun est capable de changer les choses dans sa vie. Il faut juste de la volonté et prendre du temps pour soi. C'est ce que me rappelle chaque jour la citation de Xavier Dolan, lors d'un discours à l'occasion du Festival de Cannes. « Je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. »

 
 
 

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